Prolongue
Prologue
Année 1960
Tous commencèrent au beau milieu des bois. Une maison se trouvait, de dehors, nous pouvions entendre des voix qui criaient, un homme et une femme. Au premier étage, se trouvait un jeune garçon et sa petite sœur. Maxime et Suzie étaient dans la chambre de la fillette. Le grand-frère était assis sur le lit. Du haut de ses 16 ans, il avait passé la journée à travailler au lieu d’aller à l’école. Chez lui personne ne le savait, mais s’il voulait un jour avoir l’espoir de s’extirper de son quotidien, travailler était vital. Il se gratta la tête et passa une main dans ses cheveux bruns. Il bailla et étira ses bras. Il leva les yeux vers sa sœur, désespérée d’entendre les cris de ses parents. La petite de 7 ans faisait danser sa poupée. Sa queue de cheval blonde se balançait, calée sur le même rythme que le jouet. Maxime écoutait sa sœur murmurer. Elle espérait sûrement recouvrir les cris de leurs parents. Suzie s’arrêta de chanter et regarda son frère dans les yeux.
– Max, tu penses qu’un jour ils arrêteront de se disputer et que l’on pourra vivre comme une vraie famille ?
Ses yeux bleus la suppliaient de dire « oui », qu’importe si cela était un mensonge. Maxime se redressa pour aller s’asseoir près d’elle, il était grand et mince. Il la regardait avec un petit sourire en coin.
– Tu sais, un couple doit parfois se disputer.
– Oui mais ils se disputent tout le temps, se plaignit-elle.
Maxime regardait sa sœur avec détermination.
– Écoute, je te promets qu’un jour on sera une vraie famille.
– Promis ?
– Je te le promets.
Suzie prit son frère dans ses bras en souriant, soulagée par ses paroles, Max avait égayé la soirée de sa petite sœur. Il craignit de ne plus revoir de sourire sur le joli visage de celle-ci alors il l’imprima dans sa tête.
– Allez, il est temps d’aller dormir !
Elle posa sa poupée sur la chaise, courut jusqu’à son lit et se glissa sous la couette. Max allait partir, il se ravisa et s’assit sur le lit, posa sa main sur celle de sa sœur et pris une grande inspiration.
– Je… je vais te dire un petit secret.
Suzie l’écouta attentivement, les oreilles grandes ouvertes.
– J'ai un petit boulot depuis quelques mois. Comme je sais que dans six jours c’est ton anniversaire, j’ai décidé de prendre une partie de ce que j’ai gagné pour aller t’acheter une autre poupée ou même deux autres. Est-ce que ça te dirait de venir avec moi pour les choisir ? Je ne te force pas, tu fais comme tu en as envie, à toi de me dire.
Les yeux de sa sœur s’agrandirent et commencèrent à verser quelques larmes. Elle n’avait rien vu venir. Découvrir que son frère travaillait pour avoir de l’argent était juste impossible. Elle qui remarquait tout.
– Oui j’aimerai bien venir parce que tu as des goûts bizarres, dit-elle en rigolant.
– Ah oui, donc c’est moi qui ai des goûts bizarres maintenant. Allez, c' est l’heure de dormir.
Max se leva et se dirigea vers la porte. Au moment où le jeune homme allait refermer la porte, Suzie dit alors :
– Max ?
– Oui ?
– J’ai de la chance de t’avoir.
Max eut un petit sourire.
– Moi aussi, j’ai de la chance de t’avoir.
Il éteignit la lumière avant de refermer la porte derrière lui. Max déambula dans le couloir jusqu’aux escaliers. De là, il entendit distinctement ses parents se disputer sans avoir besoin de tendre l’oreille. Du haut des escaliers, Max pouvait comprendre l’objet de la dispute.
– Pourquoi ? Dis-moi pourquoi tu as dépensé cet argent ? hurlait sa mère.
Le père, qui était soûl comme une huître, tenait à peine debout.
– Pourquoi as-tu dépensé MON argent pour te soûler la gueule ?!
– Ton argent ? fit-il d’un air indigné. Et même si je ne l’avais pas dépensé, tu aurais acheté quoi ?! rétorqua le père.
– À ton avis ? Dans six jours c’est l’anniversaire de Suzie. J’aurais préféré les garder pour elle, lui acheter ce qui lui aurait fait plaisir ! Mais non, toi tu dépenses tout. tout ça pour quoi ? Te soûler la gueule ! Je fais comment moi maintenant, explique-moi. Donne-moi une solution au problème que TU vient de causer ?!
– Roh tu te démerdes. Tu l’as voulu, tu t’en occupes. Ce ne sont pas mes affaires !
– Si, ce sont aussi tes affaires, tu es le père mais tu te comportes comme un salaud… !
Le mari interrompit sa femme
– Je me comporte comment ?
Le père gifla sa femme tellement fort qu’elle tomba à terre. Il sortit ensuite du salon pour aller se chercher une bière dans la cuisine. Max descendit les escaliers et vit sa mère assise par terre en larmes. Le jeune garçon regarda dans la cuisine mais ne vit personne. Il s'agenouilla près de sa mère et examina sa joue droite. les yeux verts de Rose se posèrent alors sur son fils. Rose essuya ses larmes, Maxime chuchota à sa mère :
– Maman ça ne peut plus durer, regarde ta joue !
– Ce n’est rien, ne t’inquiète pas pour moi.
Le fils s’inquiétait plus que jamais pour sa mère et pour la sécurité de sa sœur. ça ne pouvait plus durer, ni se reproduire. Sa mère était aussi fragile qu’une brindille. Jackson, le père, pourrait très bien lui casser un os, brute comme il était.
– Maman ce n’est pas rien. Tu sais comment ça va se terminer, ça commence par une gifle et ça se termine par un blessé ou un mort.
Il jeta un coup d'œil inquiet autour d’elle.
– J’ai une idée pour partir, mais il faut de l’argent.
– Combien ?
Sa mère calcula.
– À peu près 75 dollars.
– Je les ai. C’est quoi le reste ?
La mère regarda son fils en se posant des tas de questions, sur le fait qu’il pouvait avoir autant d'argent.
– Attends, quoi, comment as-tu eu de l’argent ?
Max regarda vers la cuisine, rien. Son père n’avait pas bougé.
– Je travaille à la boulangerie pour avoir un peu d’argent.
– Mais comment, et quand peux-tu y aller ?
Le fils hésita à tout révéler à sa mère qui était sous le choc de la réponse de son fils.
– Je séchais les cours pour y aller.
Rose confuse ne savait si elle devait le disputer ou le remercier.
– Mais…
Maxime coupa la parole à sa mère pour ne pas perdre de temps.
– Maman, nous n’avons pas le temps d’en parler ici, dis-moi ce que je peux faire.
Rose se faisait du souci pour son fils, elle n’en revenait pas que celui-ci sacrifie ses cours pour aller économiser de l’argent, pour Dieu ne sait quoi. Mais elle était fière de lui.
– Va réveiller ta sœur et dis-lui de s’habiller, de préparer ses affaires et de ne prendre que l’essentiel, qu’elle se dépêche. on se retrouve devant la porte d'entrée à 23h45. D’accord ? Fais aussi ta valise et surtout n’oublie pas l’argent.
– D’accord mais on part où ?
– Chez un vieil ami à moi, on sera en sécurité là-bas, allez vas la chercher.
Max laissa sa mère assise par terre et sortit du salon, jeta un œil vers la cuisine pour vérifier si son père n’était pas dans les parages. Il entendit des ronflements dans la cuisine. il s’était endormi sur la table à manger. Maxime monta les escaliers jusqu’à la chambre de Suzie. Il toqua et rentra à l’intérieur de la pièce mangée par l’obscurité. Il alluma la lumière, puis se pencha sur le lit de la petite fillette. Il la secoua légèrement pour la réveiller.
– Suzie réveille-toi, allez.
– Hmm quoi il est déjà l’heure ?
– Non mais écoute, habille-toi et fais ta valise prend le nécessaire et rejoins-moi dans ma chambre.
Suzie se frotta les yeux en se levant de son lit. Elle ne comprenait pas ce qui se passait mais ne posa pas de questions et ni une ni deux, elle prit sa valise sous son lit et la posa dessus. Elle ouvrit sa commode et prit déjà de quoi s’habiller. Quant à Max, il sortit et courut jusqu’à sa chambre, alluma la lumière, prit sa valise, ouvrit son armoire, pris de quoi s’habiller pour une bonne semaine. Il se dirigea vers la bibliothèque, y prit un livre et l'ouvrit. à l’intérieur de celui-ci il y avait un trou rempli de billets verts. Il y avait 123 dollars, tout ce qu’il avait pu économiser pendant ces six derniers mois. Max était fier de lui, il avait travaillé dur pour les obtenir. il prit la totalité et les fourra dans son portefeuille. Il mit ses chaussures puis referma sa valise et la posa près de la porte, il resta assis sur son lit à attendre sa sœur. Elle arriva vers 23h40, dans son manteau vert et le bonnet rouge qu’elle adorait.
– J’ai fini, dit-elle la valise à la main gauche. J’ai fait vite, tu as vu ? Et je n’ai pris que le nécessaire comme tu me l’as demandé.
– Oui c’est bien, fit-il avec un sourire.
– Et maintenant ? On fait quoi ?
Maxime regarda sa montre et réfléchit quelques instants, il se tourna vers sa bibliothèque et lui tendit un livre.
– Merci mais ça parle de quoi ?
– Tu n’as qu’à le lire et tu verras.
La fillette le mit dans sa valise en prenant soin de ne pas l’abîmer.
– Max, tu ne m’as pas répondu, on fait quoi ?
Max s’était assis sur le bord de la fenêtre et regardait la forêt en se remémorant les bons souvenirs passés ici.
Maxime tourna la tête vers sa sœur.
– Tu te souviens quand on jouait à cache-cache dans la forêt ?
– Oui c’était bien. je m’en rappelle tu me trouvais à chaque fois.
Il se regardèrent en souriant, Max regarda sa montre il était l’heure de partir, de commencer une nouvelle vie ailleurs. le jeune garçon regarda sa sœur.
– Il est temps de partir.
Suzie hocha la tête. ils sortirent de la chambre et traversèrent le couloir dans un silence total. Ils descendirent les escaliers prudemment, et virent leur mère devant la porte d’entrée vêtue d’un long manteau gris foncé assez épais. Elle portait sa valise à la main, et leur fit signe de s’approcher. Jackson avait changé de place. il était en train de dormir dans le salon, il ronflait tellement fort que l’on pouvait l’entendre de l’entrée. Rose ouvrit la porte, Suzie et Max sortirent en premier et leur mère en dernier pour fermer derrière elle sans faire de bruit. Ils s’avancèrent vers la voiture. Arrivée devant, Rose chercha les clés, elle chercha dans toutes ses poches, même dans sa valise, mais rien. Elle regarda son fils l’air désespéré. il comprit qu’elle ne les avait pas.
– Elles sont où ?
Tremblante, elle commença à verser quelques larmes. Max se rapprocha de sa mère.
– Je vais les chercher, décida Rose.
Max attrapa le bras de celle-ci pour l’arrêter.
– Non j’y vais, maman je suis le seul à connaître les planches qui grince et si tu y vas tu feras assez de bruit pour le réveiller et ça va mal se passer, maman s’il te plaît ! le supplia-t-il.
– Vas-y elles sont sur la table à manger, mais reviens vite d’accord ? demanda sa mère avec méfiance.
Max fit un signe de la tête pour montrer qu'il avait compris, il se dirigea vers la porte, prit soin de ne pas faire de bruit avec la poignée de la porte. À l’intérieur le ronflement de son père était encore présent, c'était bon signe. Il fit en sorte d’éviter toutes les planches qui grinçaient, Max passa devant le salon où son père dormait. Il se remit en route. Arrivé devant la cuisine il aperçut les clés sur la table mais dans le feu de l’action, ne fit plus attention sur quelle planche il marchait, il posa alors le pied sur celle qui grinçait le plus, quand le bruit retentit. Maxime s’arrêta net, retint sa respiration, un frisson de peur parcourut son dos. Il tendit l’oreille, les ronflements avaient cessé. Max avança jusqu’à la table, prit les clés et fit demi-tour. Les ronflements n’avaient pas repris mais, Max espérait quand même qu’il ne se soit pas réveillé. Il traversa le couloir sans soucis, passa devant le salon et brusquement son père le poussa percuter contre la rambarde de l’escalier. Max s'effondra face contre terre et ne bougea plus, Jackson se précipita vers la porte, l’ouvrit ; il découvrit sa femme accompagnée de sa fille à côté de la voiture. Dès que Rose aperçut Jackson dans l'encadrement de la porte, elle saisit Suzie et l’entraîna dans la forêt. Jackson se précipita à leur poursuite, Rose courait de toutes ses forces, regarda derrière, le père de famille était encore loin mais elle décida de cacher Suzie derrière un arbre. Elle lâcha la main de sa fille.
– Écoute chérie, tu vas te cacher et dès que papa se serra éloigné, tu cours rejoindre ton frère. j’ai appelé la police, vous les attendrez.
– Maman non !
Rose s’enfuit aussi rapidement qu’elle le put. Jackson passa à son tour devant l’arbre où se cachait sa fille. Elle attendit le temps que son père soit assez loin. Oui, c’était maintenant ou jamais. Elle courut de toutes ses forces pour rejoindre la maison. Elle découvrit son frère au loin étendu sur le plancher, elle se précipita vers lui en criant son prénom.
– Max !
Elle se mit à courir vers la maison quand la demeure s’embrassa, Elle ne pouvait plus y accéder. Elle fut propulsée en arrière, se retrouvant sur le dos à cause de la puissante explosion. Elle n’avait rien de cassé, mais ses tympans lui faisaient mal. La demeure n’avait plus l’air d’une maison maintenant, mais ressemblait à la porte des enfers. Suzie se redressa et regarda le reste de la maison enflammée. Elle commença à pleurer et hurla le prénom de son grand frère.
– Max ! Max ! Max !
Elle espérait avoir une réponse même si cela était impossible, elle priait le bon dieu pour que son frère soit encore en vie. Quelques instants plus tard, la police arriva sur les lieux et découvrit cette scène apocalyptique. l’un des deux policiers s’approcha de la fille.
– Petite, tu m’entends ?
Aucune réponse de sa part, il retenta une approche.
– Où sont tes parents ?
Rose sortit des bois, regarda la maison quelques instants puis se dirigea vers la petite fille, la mère courut vers elle puis se mit à genoux, un policier s’approcha de la mère et lui posa une question.
– Madame, que s’est-il passé ?
– Suzie regarde-moi, dis-moi où est ton frère ?
La petite fille n’arrivait pas à entendre quoi que ce soit mais elle parvenait à lire sur les lèvres de sa mère. Suzie pointa du doigt la maison enflammée encore sous le choc. La mère se mit à hurler à son tour et à pleurer. Puis Jackson sortit des bois et vint vers la maison.
– Mais que s’est-il passé ?