retour à la maison
(Gabrielle)
Dans le train qui la ramenait chez ses parents, Gabrielle regardait le paysage par la fenêtre reconnaissant sa gare. Elle se leva et se saisit de son sac, impatiente de descendre. Cela faisait 4 ans qu’elle avait quitté ses parents et sa maison pour aller vivre chez ses grands-parents.
Elle n’était revenue qu’en de rares occasions, et toujours en prenant soin d’éviter David, qu’elle n’avait plus revu depuis ce jour où elle lui avait dit "Adieu" dans le hall de sa maison.
Tant de choses étaient arrivées, depuis cette époque. Son grand-père était décédé, quelques mois après son arrivée chez eux. La laissant seule avec sa grand-mère. Gabrielle avait ensuite pris soin de celle-ci avec dévouement. Après son Bac, elle avait tenté d'obtenir une licence d’histoire, mais avait renoncé après la première année. N’ayant pas suffisamment de temps pour étudier, car sa grand-mère était malade à son tour.
Quand elle était décédée, il y avait de cela un an, Gabrielle avait été très malheureuse. Ses parents avaient voulu qu’elle rentre au domicile. Mais Gabrielle qui s’était inscrite dans une formation d’aide-soignante n’avait pu quitter son école en cours d’année, aussi avait-elle pris un logement d’étudiante avec deux autres colocataires, et avait terminé son année et eut son diplôme.
Aujourd’hui, elle rentrait chez elle ! Elle avait besoin de retrouver son cocon familial, de se ressourcer auprès de ceux qui l’aimaient, et qui lui manquaient tellement.
Cela ne lui suffisait plus de voir ses parents et ses sœurs une fois de temps en temps à Pâques et Noël, et puis surtout : Nick allait se marier dans quelques jours, et elle avait hâte de connaître sa belle-sœur. Après l’été, elle chercherait un travail d’aide-soignante. Et prendrait son premier appartement.
Le train s’arrêta en gare et Gabrielle descendit impatiente de voir qui l’attendait sur le quai, soudain une bombe blonde fonça sur elle, et se pendit à son cou.
- Gabbie ! Entendit-elle crier
C’était Lola sa petite sœur de douze ans qui explosa de joie
- Mon Dieu comme tu as grandi, mon bébé ! S’écria Gabrielle en l’étreignant folle de joie.
- Donne ta valise, tu dois être fatiguée du voyage, je suis trop contente. Tu m’as tellement manqué, ma sœur ! Je ne te laisserai plus jamais repartir…
- Pour moi aussi c’était dur, tu sais ! Toute seule à Paris, j’avais le mal de vous ! Mais qui est avec toi ?
- Papa et Charlotte mais je les ai laissées derrière, j’étais trop pressée de te voir !
Les deux jeunes filles se dirigèrent vers la sortie de la gare et le parking. Bientôt, elles rejoignirent Thomas et Charlotte qui avançaient au-devant d'elles.
Ce fut à nouveau embrassades et effusion de joie :
L’enfant prodigue était de retour !
Dans la voiture qui la ramenait chez elle, ses sœurs lui racontaient les préparatifs du mariage de leur frère, la piscine toute neuve dont elles allaient pouvoir profiter toutes trois pendant l’été et Gabrielle riait de leur enthousiasme heureux de retrouver ses petites tornades de sœurs...
Arrivées à la maison ce fut de nouvelles embrassades avec sa mère qui versa quelques larmes de joie de revoir enfin sa fille au domicile.
Gabrielle avait toujours été le petit soleil de la famille, et ses 4 années de distances avaient semblé bien long à tout le monde, bien sûr ils s’étaient vus, mais deux ou trois fois par an, aux grandes occasions et jamais plus d’un jour ou deux !
- Gabrielle tu es splendide, ma fille, la complimentas Delphine
La jeune femme sourit,
Elle avait beaucoup changé ces dernières années autant physiquement que moralement, physiquement elle avait grandi, était devenue une vraie femme, d’une beauté ravissante avec ses longs cheveux châtains qui tombaient sur ses reins.
Moralement, elle n’avait plus rien de l’adolescente qu’elle avait été, 4 ans plus tôt. La vie s'était chargée de la faire mûrir !
Elle qui avait toujours été joyeuse et insouciante, avait beaucoup changé ces dernières années, avec son chagrin d’amour à soigner, et les maladies et décès successifs de son grand-père, puis de sa grande mère.
Elle était devenue grave et un peu trop sérieuse et puis mûrir ainsi loin de sa famille l’avait rendu mélancolique, et ses yeux verts n’étaient plus pétillants de joie comme par le passer. Mais elle espérait que le retour au milieu des siens, lui ferait retrouver la joie perdue de son enfance si heureuse.
- Gabbie et si on allait faire un petit plongeon dans la piscine ? Avec ce voyage, tu as dû avoir chaud et un bon petit saut dans l’eau de détendre, proposa Lola en la saisissant par le bras pour la détourner de leur mère et retrouver toute l’attention de sa sœur chérie.
- Je ne sais pas… Hésita Gabrielle, je viens tout juste d’arrivée et j’aurais aimé discuter un peu plus avec maman et papa, tu comprends ?
- Vas-y, si tu veux ! Nous aurons tout le temps de parler plus tard ! Lui dit sa mère indulgente, tes sœurs étaient si pressées de te revoir
Déjà les deux gamines la saisissaient chacune par une main pour l’entraîner dehors
- Mais c’est que je n’ai pas de maillot de bain… Protesta Gabrielle, et puis il faudrait que je défasse ma valise…
- Un short peut faire l’affaire pour aujourd’hui. Demain on ira en acheter un au centre commercial proposa sa mère. Quant à ta valise, papa va te la monter ne t’en fait pas !
- Bon, très bien… Reprit Gabrielle dans un sourire, alors allons-y les filles !
Les gamines poussèrent des cris de joie, et entraînèrent leurs sœurs vers la piscine.
Gabrielle avait enfilé son petit short en Jeans et une brassière noire. Les trois sœurs jouèrent à s’éclabousser dans l’eau, à sauter du plongeoir et à faire la course d’une extrémité de la piscine à l’autre, pour la plus grande joie des deux petites.
Mais après une heure trente de jeu, Gabrielle sentit la fatigue du voyage la rattraper et alla se sécher sur un transat au soleil et s’endormit tandis que ces sœurs faisaient une partie de ballon dans l’eau.
Ce furent des miaulements de détresse d’un chaton et les éclats de voix de ses sœurs qui l’appelaient qui éveillèrent Gabrielle un peu plus tard.
- Hein ? Qu’est ce qui se passe demanda la jeune fille.
- il y a un chaton qui est coincé dans le chêne il est terrorisé et n’arrive pas à descendre expliqua Charlotte
- Moi je l’ai vu monter pour attraper un oiseau et il est resté coincé ! Poursuivit Lola
- Mais il est à qui ce chaton ? Demanda Gabrielle en se levant et en allant se poster sous l’arbre pour se rendre compte par elle-même de la situation.
- À personne, je crois, il y a des portées de chatons errants qui sont nés dans l’usine condamnée au bout de la rue et ils passent souvent dans notre jardin expliqua Charlotte
- Tu crois qu’on pourra le garder ? Demanda Lola
- Il faudra d’abord le faire descendre ! Répondit Gabrielle en cherchant l’animal dont elle entendait les miaulements de détresse sans le voir, il a l’air d’être monté haut dans l’arbre. Et je ne vois que des feuilles…
- Qu’est-ce qu’on va faire ? Demandèrent les deux gamines inquiètent pour le petit animal.
- Grimper bien sûr ! Souris Gabrielle, je vais aller vous le chercher votre chaton !
- Oh merci Gabrielle, tu sais c’est un bébé siamois, je l’ai vu il est tout blanc avec les oreilles, le nez et la queue foncée. Il a l’air magnifique ! S’écria Lola
Attrapant la branche de l’arbre la plus basse à deux mains, Gabrielle se hissa avec souplesse jusqu’à se retrouver assit sur celle-ci, puis se relevant, elle saisit une branche plus haute et continua son ascension jusqu’au petit animal. En grimpant elle perdit ses ballerines qui ne lui tenaient pas aux pieds, et ses sœurs sous l’arbre pouffèrent de rire, hilares !
Enfin, elle vit une pauvre petite boule de poils maigrichonne et terrorisé se blottir contre le tronc. Ses griffes enfoncées dans ce dernier,et deux petites billes bleues la supplier du regard en miaulant pathétiquement…
Elle se mit debout sur une branche afin d’être à la hauteur de l’animal. Ce fut alors qu’elle entendit le bruit d’une voiture qui pénétrait dans la propriété. De son perchoir elle regarda qui étaient les arrivants, tandis qu’une intime conviction lui disait qu’elle savait déjà la réponse.
Elle vit les deux jeunes hommes sortir de la voiture de Nick et se diriger vers les gamines qui criaient en bas de l’arbre.
Nicolas, (Nick) son frère était arrivé !!! Une bouffée de joie monta en elle, en le voyant s’approcher de l’arbre.
Mais derrière lui, il y avait… David !!!
La jeune fille rien qu’à voir de son perchoir, la chevelure châtain du jeune homme et sa carrure d’athlète, retint son souffle, l’heure des retrouvailles allait sonner, et il fallait absolument qu’elle soit désormais immunisée contre son charme !
Les deux jeunes hommes arrivèrent sous le chêne et elle les entendit questionner les deux gamines, pour savoir ce qui se passait.
Elle risqua un regard vers eux, et vit qu’ils fixaient leurs yeux sur ses jambes découvertes. Puisque, le haut de son corps se trouvait enfouit dans le feuillage de l’arbre. Gênée de la situation, elle éprouva de la peine à reporter son attention sur le chaton et tenta de s’en saisir mais la petite bête feula et monta un peu plus haut le long du tronc.
- Gabrielle qu’est-ce que tu fiches dans cet arbre, tu vas te rompre le cou… Pour un chaton ? Demanda Nicolas
Sursautant, Gabrielle manqua de glisser et se raccrocha de justesse à une grosse branche.
- Tu es fou, tu m’as surprise, j’ai failli tomber !
- C’est ce qui finira par arriver, si tu persistes à rester pieds nus dans cet arbre! Tu devrais descendre, ne t’en fais pas pour cet animal il est monté seul, il redescendra de la même manière.
- Mais c’est un tout-petit, il ne saura jamais redescendre !…
- Tu comptes sauver l’humanité, après ça « superwoman » ? Ou est-ce que tu vas venir enfin embrasser ton frère chéri ?
- Attends, attends-je le tien presque ! Reprit Gabrielle en se hissant sur la pointe des pieds.
Dans sa précipitation un de ses pieds glissa, et elle se rattrapa de justesse pour la seconde fois…
- Mais nom d’un chien, Gabbie ! Tu veux me faire attraper un arrêt du cœur ? Je te rappelle que tu es censée être témoin à mon mariage ! Tu ne vas pas te rompre le cou ? Et pourquoi as-tu retiré tes chaussures... ?
- Je ne les ai pas attachées, et elles ont glissé de mes pieds.
Nick regarda au pied de l’arbre, et trouva en effet la paire abandonnée. Tandis que sa petite sœur Charlotte renchérissait en riant. Disant, qu’elle avait reçu les chaussures sur la tête, quand elles étaient tombées des pieds de Gabrielle.
- Ça y est je l’ai !S’écria soudain Gabrielle triomphante en attrapant le petit animal par la peau du cou.
Elle le cala sur son épaule, puis redescendit prudemment. Mais alors qu’elle était presque arrivée en bas, le petit félin paniqué planta ses petites griffes serrées, dans l’épaule nue sur laquelle il reposait.
Poussant un cri de surprise et de douleur. Gabrielle fut déséquilibrée et ses pieds glissants, elle se retrouva les jambes dans le vide, suspendue par les bras à trois mètres du sol. Le chaton en profita pour sauter dans les bras de Nicolas, qui s’était rapproché pour rattraper sa sœur.
David accourut pour saisir les deux jambes au teint de pêche qui s’agitaient dans le vide, à la recherche d’une prise. Les agrippant fermement, il attendit qu’elle lâche sa branche pour la faire glisser contre lui jusqu’au sol.
Elle atterrit sur la terre ferme, tout contre son torse, ses immenses yeux clairs se posant dans les siens. Il eut le souffle coupé par sa beauté, il avait quitté une petite jeune fille mignonne et fluette, et voilà que 4 ans plus tard la belle Gabrielle lui retombait dans les bras, resplendissante de féminité !
Mais quand avait-elle donc grandi ainsi ? S’étonna-t-il.
- Merci de m’avoir rattrapée ! Dit-elle gêner.
Le regard intense de David la fixait, et elle rougit, de se retrouver ainsi contre son torse devant tout le monde. Elle s’écarta rapidement et recula en baissant les yeux pour chercher ses ballerines histoire, de se donner une contenance.
- Mais c’est la moindre des choses, j’avais cru comprendre que tu arrivais par le train ? Pas par la voie des airs ! J’ai mal compris ? Sourit-il taquin
Il passa nerveusement une main dans ses courts cheveux châtains, sans pouvoir quitter la belle du regard.
Gabrielle sourit à la blague et Lola et Charlotte pouffèrent de rire, puis prirent le chaton des mains de Nick.
Gabrielle releva la tête vers David, après avoir remis ses chaussures et risqua un regard hésitant vers lui. Leurs regards s’accrochèrent à nouveau et le jeune homme lui adressa son plus beau sourire tout en la saluant d’un hochement de tête, elle fit de même, incapable de parler... D'ailleurs, il ne disait plus rien non plus...
Puis lentement quittant ses yeux, le jeune homme la détailla de la tête aux pieds, avec un regard admiratif s’attardant sur la brassière humide qui moulait ses formes, sur ses cuisses nues dans le petit short. Gabrielle sentit la gêne monter en elle, et détourna la tête, tandis que son cœur s’emballait dans sa poitrine.
- Alors je vais l’avoir ce bonjour, "Mary Poppins" ? plaisanta Nick, qui n’avait rien manqué des retrouvailles des deux jeunes gens…
Les rires de ses sœurs s’amplifièrent à ses mots et elle eut un petit rire à son tour les deux jeunes hommes semblait toujours aussi complices, dès qu’il s’agissait de la charrier. Cela lui fit chaud au cœur !
Gabrielle se retourna et se jeta dans les bras de son frère !
- Tu m’as tellement manqué, mon Nick…
- Toi aussi, ma toute belle, alors tu as fait bon voyage
- Je suis arrivée à 14 h et les filles ont tout de suite voulu que je profite de la piscine.
- Ah oui elle vient d’être installée, c’est sympa d’avoir une piscine de ce temps-là !
Tout en discutant Gabrielle passa son bras sous celui de son frère, et ils entrèrent tous les cinq dans la maison.